Page:Des artistes, première série, 1885-1896, peintres et sculpteurs, 1922.djvu/148

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coup. Il se mit à peindre, un jour, par hasard. Et il se trouva que, du premier coup, cette première toile fut presque un chef-d’œuvre. Elle révélait un instinct extraordinaire de peintre, de merveilleuses et fortes qualités de vision, une sensibilité aiguë qui devinait la forme vivante et remuante sous l’aspect rigide des choses, une éloquence, une abondance d’imagination qui stupéfièrent ses amis. Alors Vincent. Van Gogh s’acharna. Le travail, sans trève, le travail, avec tous ses entêtements et toutes ses ivresses, s’empara de lui. Un besoin de produire, de créer, lui faisait une vie sans halte, sans repos, comme s’il eût voulu regagner le temps perdu. Cela dura sept ans. Et la mort vint, terrible, cueillir cette belle fleur humaine. Il laissait, le pauvre mort, avec toutes les espérances qu’un tel artiste pouvait faire concevoir, une œuvre considérable, près de quatre cents toiles, et une énorme quantité de dessins dont quelques-uns sont d’absolus chefs-d’œuvre.

Van Gogh était d’origine hollandaise, de la patrie de Rembrandt qu’il semble avoir beaucoup aimé et beaucoup admiré. A un tempérament de cette originalité abondante, de cette fougue, de cette sensibilité hyperesthésiée, qui n’admettait comme guide que ses impressions personnelles, si l’on pouvait donner une filiation