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IDYLLES.

Tu penses l’amuser par ta grace frivole, Mais écoute des bois les nouveaux habitans,

Et demande à ton cœur ce qu’ils font du printemps ! Toi, déjà fiancée, écoute leurs cadences ; Elles font aux passans de douces confidences. Quelle immuable joie et quel ordre enchanteur ! Quel est donc leur monarque ou leur législateur ? Ils proclament l’amour jusqu’au ciel qui le donne, Mais ce n’est qu’auprintempsque sabontél’ordonne, Crois-moi, l’amour tardif est un soleil d’hiver,

Jour incomplet, levé tard, couché vite : Dans la saison dorée imprudent qui l’évite, Le plus doux fruit s’attache au buisson le plus vert.

On regarde en pitié la plante solitaire, Qui s’exile et languit au toit de nos maisons ; Quand sa sœur à ses pieds croît et peuple la terre, L’autre se déshérite et n’a pas deux saisons :