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POÉSIES

Dont la poitrine est ouverte et sanglante.
Sortez-vous d’un combat, d’un piège, d’un réseau ?
Le coup est-il mortel ? j’en suis presque tremblante.
Parlez donc ! quelle flèche ou quel ongle assassin
Vous déchira le sein ?
Vous faites peur. — C’est moi, c’est un peu de ma vie,
Répond le Pélican à sa pêche assidu.
Vous allez me porter envie :
Mes petits avaient faim ; mon sang n’est pas perdu,
Je l’ai versé pour eux. — Quoi ! dit l’autre irritée,
Votre sang… taisez-vous ! on ne peut sans horreur,
Supporter dans l’amour cet excès de fureur ;
Il soulève, il repousse, et j’en suis révoltée.
Vous perdez le bon sens, vos petits vous tueront,
Et les oiseaux riront.
Laissez ces préjugés aux tendres tourterelles.