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ÉLÉGIES.

Qui verse dans les sens la soif et la langueur ?
Ce triste isolement, ce tendre ennui, ces larmes,
Ce besoin de presser un cœur semblable au tien,
D’une voix qui poursuit le fidèle entretien,
Rien n’a comblé ton sort d’amertume et de charmes ?
Cet objet souhaité, dans un jour imprévu,
Ne t’a pas sur son sein réunie à toi-même ;
Ce tendre objet qui trompe, et qu’il faut que l’on aime,
Tu ne l’as jamais vu !
Je l’ai vu plein d’amour, et l’amour m’a trompée,
Je ne croyais que lui ! de lui seul occupée,
J’ai perdu mon repos dans sa félicité,
Je l’ai voulu. Mon Dieu ! c’était sa volonté.

Il savait tant de mots pour me rendre sensible,
Pour instruire mon âme ardente à la douleur :
Lui seul a ce pouvoir, cet art, ce don flexible,
Lui seul donne la vie ensemble et le malheur.