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ÉLÉGIES.

Mais le malheur enfin détache de la vie :
Non, je ne veux plus de mon sort,
Je ne veux plus souffrir. Sais-tu ce que j’envie,
Sais-tu ce qu’après lui j’ai souhaité ? la mort.

Son pied ne presse plus le seuil de ma demeure,
Et pour ne la plus voir il invente un chemin :
Sans lui rien demander j’écoute passer l’heure ;
L’heure dit comme lui : « Ni ce soir, ni demain. »
Mais je compte, j’attends que moins inexorable
Une heure, la dernière à mes maux secourable,
Éteigne sur ma cendre un importun flambeau,
Et défende à l’amour de troubler mon tombeau.

Quand celui qui me fuit ne songeait qu’à me suivre,
Le cours de mes beaux ans fut près de se tarir :
Qu’il m’eût alors été doux de mourir
Pour l’amant dont les pleurs me suppliaient de vivre.