Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
112
ÉLÉGIES

ELÉGIES.
www

ÉLÉGIE.
MA sœur, il est parti ! ma sœur, il m’abandonne !
Je sais qu’il m’abandonne, et j’attends, et je meurs,
Je meurs. Embrasse-moi, pleure pour moi… pardonne,
Je n’ai pas une larme, et j’ai besoin de pleurs.
Tu gémis ! Que je t’aime ! Oh ! jamais le sourire
Ne te rendit plus belle aux plus beaux de nos jours.
Tourne vers moi les yeux, si tu plains mon délire ;
Si tes yeux ont des pleurs, regarde-moi toujours.
Mais retiens tes sanglots ; il m’appelle, il me touche :
Son souffle en me cherchant vient d’effleurer ma bouche.
Laisse, tandis qu’il brûle et passe autour de nous,
Laisse-moi reposer mon front sur tes genoux.
Écoute ! ici ce soir, à moi-même cachée,
Je ne sais quelle force attirait mon ennui :
Ce n’était plus son ombre à mes pas attachée,
Oh ! ma sœur, c’était lui.
C’était lui ! mais changé, mais triste. Sa voix tendre
Avait pris des accens inconnus aux mortels,
Plus ravissans, plus purs, comme on croit les entendre
Quand on rêve les cieux aux pieds des saints autels.
Say