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Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/132

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ÉLÉGIES

ÉLÉGIES.
Cache-moi dans ton sein, couvre-moi de guirlandes,
Et long-temps immobile, elle craindra tes pleurs.
Conduis-moi près des flots. La nymphe qui soupire
Y rafraîchit l’air de sa voix.
Cet air doux et mortel, que ma bouche respire,
Brûle moins à l’ombre des bois.
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Vois dans l’eau, vois ce lis dont la tête abaissée
Semble se dérober au sourire des cieux ;
Telle, craignant l’Amour et le cherchant des yeux,
J’essayais de te fuir innocente et blessée.
Je demandais aux bois l’oubli de tes accens ;
Un vague, un triste écho m’en rappelait les charmes,
Et dans les rameaux frémissans
Ton image venait s’attendrir à mes larmes.
Un jour, ce fut toi-même, un jour à mes genoux,
Le saule où je pleurais apporta ton hommage.
Je ne m’y trouvai plus seule avec ton image,
Il nous cachait ensemble, il se penchait sur nous.
Trop tard, hélas ! trop tard ; et ta flamme timide
Enhardit vainement mes timides secrets :
Tu les connus trop tard ; et ma fuite rapide
T’abandonne à de longs regrets.
Oh ! que je crains pour toi l’aurore désolée
Qui ne pourra me rendre à tes vœux superflus,
Say

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