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POÉSIES

C’est elle, ô ma première amie ! Dont la chaîne s’étend pour nous unir toujours. Elle embellit par toi l’aurore dema vie, Elle en doit embellir encor les derniers jours. Oh ! que son empire est aimable ! Qu’il répand un charme ineffable Sur la jeunesse et l’avenir, Ce doux reflet du souvenir ! Ce rêve pur de notre enfance En a prolongé l’innocence ; L’Amour, le temps, l’absence, le malheur, Semblent le respecter dans le fond de mon cour. Il traverse avec nous la saison des orages, Comme un rayon du ciel qui nous guide et nous luit ; C’est, ma chère, un jour sans nuages, Qui prépare une douce nuit.

L’autre Amitié, plus grave, plus austère, Se donne avec lenteur, choisit avec mystère ; Elle observe en silence, et craint de s’avancer ; Elle écarte les fleurs, de peur de s’y blesser. Choisissant la raison pour conseil et pour guide, Elle voit par ses yeux et marche sur ses pas ; Son abord est craintif, son regard est timide ; Elle attend, et ne prévient pas.