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DIVERSES.

UNE MÈRE

IMITATION LIBRE DE SHAKSPEARE.


On accourt, on veut voir la mère infortunée
D’Arthur ; et la pitié muette, consternée,
Pleure et n’ose répondre à ses profonds sanglots :
Et la prison mobile emporte sur ses flots
Arthur, le jeune Arthur, l’espoir de son veuvage,
Cet enfant-roi tombé dans l’esclavage.
Inconsolable, errante aux rivages déserts,
De longs gémissemens elle frappe les airs,
Comme une aigle éperdue à son nid enlevée,
Quand le lâche vautour, usurpateur affreux,
Cherchant un festin ténébreux,
Dans l’ombre a dévoré la royale couvée.
Sur le sable où la nuit répand un voile obscur,
L’Écho mourant répond : Arthur ! mon cher Arthur !…

Un heureux de la terre, un sage, un insensible,
Ne voit dans ses clameurs qu’un fol égarement ;
Pâle, elle ouvre les yeux, le regarde un moment,
Et repousse en ces mots cette voix inflexible :
« Il me parle ! et jamais il n’a connu mon fils,