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DIVERSES.


LA MOUCHE.


Voyageuse de l’air, mouche bleue et gentille,
Qui rafraîchis ton vol sur l’humide roseau,
N’es-tu pas un petit oiseau ?
Non ! tu ne chantes pas, légère volatille :
Tu n’as point de plumage, et ton rapide essor
M’en fait mieux admirer l’invisible ressort.
Tu ris de l’oiseleur, tu fais sauver sa joie ;
Ton piquant aiguillon le distrait de sa proie,
Et ton bourdonnement moqueur
Lui nomme impunément son agile vainqueur.
Tu montes jusqu’aux cieux les ailes étendues ;
Un rayon de soleil te guide et te soutient :
Ta famille dansante et s’y joue et s’y tient,
Comme un essaim de fleurs dans les airs répandues.
Qu’il est gai de te voir t’y balancer long-temps !
Descendre vers la terre, et remonter encore,
Y chercher, renaissante au souffle du printemps,
Sur ta robe de gaze un reflet de l’aurore.
Violette vivante ! à ce peu qu’il t’a fait,
Le ciel donna le monde, imprima la pensée,