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DIVERSES.

Un printemps fait ta vie, en jouir est ta loi ;
Es-tu moins prévoyante, es-tu moins riche qu’elle ?
Esclave de la terre, elle y rampe toujours.
Ses trésors souterrains sont clos à l’indigence ;
Et, quand il a rempli son avare exigence,
Du ciron malheureux elle abrège les jours.
Pour toi, souvent rêveuse et souvent endormie,
Je t’observe partout avec des yeux d’amie.
Quand la nature est triste, il ne te faut plus rien,
Et tu romps avec elle un fragile lien.

Oh ! puisse l’âpre hiver épargner ta faiblesse !
Que l’aquilon jamais ne te soit rigoureux !
Que ton corps délicat qu’un rien détruit ou blesse,
Trouve contre la brume un foyer généreux.
Pauvre petite chose ! en passant les montagnes,
Les ruisseaux, les chemins, les cités, les campagnes,
Que Dieu te sauve, hélas ! et du bec d’un oiseau,
Et de l’insecte au fin réseau.