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IDYLLES

Comme la route au loin se prolonge isolée !
Eh ! pour qui ces jardins, ce soleil, ces ruisseaux ?
Je suis seule, et là-bas sons de noirs arbrisseaux
La moitié de mon âme est errante et voilée.
Mes suppliantes mains voudraient la retenir :
J’ai cru respirer l’air qui va nous réanir !
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L’avez-vous rencontré, nymphe à la voix plaintive ?
L’avez-vous appelé ? s’est-il penché vers vous ?
Si son ombre a passé dans votre eau fugitive,
Nymphe, rendez-la moi, je l’attends à genoux.
Mais jusqu’à l’oublier si vous êtes légère ;
Mais si vous n’emportez que vous dans l’avenir ;
Si l’image qui fuit vous devient étrangère,
De quoi vous plaignez-vous, nymphe sans souvenir ?
Quelle est cette autre enfant sous les saules couchée ?
De paisibles rameaux enveloppent son sort ;
Comme une jeune fleur dans la mousse cachée,
A l’abri des vents elle dort.
L’orage aux traits brûlans ne l’a pas effeuillée :
Loin du monde et du jour lentement éveillée,
Un jeune songe à peine ose effleurer ses sens ;
Elle rit….. qu’offre-t-il à ses vœux caresiams ?
L’avez-vous rencontré, dites, belle ingénue ?
Sa voix, qui fait rêver, vous est-elle connue ?
Au fond d’un doux sommeil écoutez-vous ses pas ?
Say