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IDYLLES

Non ! si vous l’aviez vu vous ne dormiriez pas !
Dormez. Je vous rendrais et pensive et peureuse ;
Vous diriez : Dès qu’on aime on n’est donc plus heureuse.
Je ne sais. Pour la paix de vos nuits, de vos jours,
Ignorez-le toujours.

a3
Mais de nouveaux sentiers s’ouvrent à ma tristesse.
Je voudrais tous les suivre, et je n’ose choisir :
L’espoir les choisit tous. Oh ! qu’il a de vitesse !
Il m’appelle partout… où vais-je le saisir ?
Il bruit dans l’écho, chante sur la montagne,
Vole avec le ramier qui cherche sa compagne,
Glisse sous les roseaux qu’il a fait tressaillir,
Et jusque dans mon cœur, trop prompt à l’accueillir.
Au pied de la chapelle où serpente le lierre,
Courbé par la prière,
Un vieillard indigent porte aussi ses douleurs :
Allons 1 ses yeux éteints ne verront pas mes pleurs.
Comme il prie ! on dirait qu’une lumière heureuse,
Pour éclairer son front vient d’entr’ouvrir les cieux.
On dirait que le jour est rentré dans ses yeux,
Ou qu’il bénit tout bas une main généreuse.
Dieu ! l’a-t-il rencontré ? Si calme, si content,
Presse-t-il un bienfait sur son cœur palpitant ?
Est-ce lui qu’il bénit ? et la voix que j’adore,
Dans ce cœur consolé résonne-t-elle encore ?
Delay