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IDYLLES

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IDYLLES.

— —-2----2------LE
MIROIR.

COMME un enfant cruel tourmente la douceur
De l’agneau craintif qu’il enchaîne,
Amour je t’ai vu rire à l’accent de ma peine :
J’en ai pleuré, pour toi, de honte et de douleur.
Mais l’agneau gémissant rêve au joug qui l’opprime ;
Il le brise en silence, et retourne au vallon :
Adieu, cruel enfant dont je fus la victime,
Adieu, le pauvre agneau m’a rendu la raison.
Joyeux et bondissant des vallons aux prairies,
Dégagé de l’anneau de fer
Qui le blessa long-temps sous des chaînes fleuries,
Il voit l’herbe plus verte et le ruisseau plus clair.
Ma fierté languissante est enfin éveillée ;
Je repousse en fuyant tes amères faveurs ;
Et, sous ma guirlande effeuillée,
J’ai brisé tes fers imposteurs.
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Ne viens pas me troubler : va-t’en, je suis heureuse ;
Je ne sens plus le poids d’un lien détesté.
Mais quoi ! sa fraiche empreinte est encor douloureuse :
Ah ! laisse un long repos au cœur qui l’a porté !
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