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IDYLLES

Va rendre ce lien à l’ingrat que j’oublie :
C’est à toi d’obéir, tu n’es plus mon vainqueur ;
Tu ne l’es plus ! Mes chants, ma liberté, ma vie,
J’ai tout repris avec mon cœur,
Qu’il promène le sien sur tes ailes légères ;
Je le verrai sans trouble, il n’est plus rien pour moi.
Je ne l’attendrai plus aux fêtes bocagères ;
A peine il me souvient qu’il y surprit ma foi.
Je l’ai fui tout un jour sans répandre des larmes ;
Tout un jour ! ahl pour lui mes yeux n’ont plus de pleurs
Je souris au miroir en essayant des fleurs,
Et le miroir m’apprend qu’un sourire a des charmes.
Comme le lin des champs flotte au gré des zephyrs,
J’abandonne ma chevelure,
Qui va flotter à l’aventure
Ainsi que mes nouveaux désirs.
Oui, l’air qui m’environne, épuré par l’orage,
Me rendra, comme aux fleurs, l’éclat et la beauté ;
Et bientôt mon sort, sans nuage,
Brillera comme un jour d’été.
Mais non, je ne veux point de fleurs dans ma parure ;
Ce qu’il aimait ne doit plus m’embellir.
Cachons-les avec soin ; s’il venait, le parjure,
Il croirait que pour lui j’ai daigné les cueillir.
S’il venait… qu’ai-je dit ? quoi ! son audace extrême
Splad

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