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IDYLLES

D’un vain orgueil de t’a point enivrée ;
Et je te vois, d’hommages entourée,
Sensible aux maux de l’amitié,
Ne pouvant les guérir, en prendre la moitié.
Laisse ta compagne plaintive,
Sans espérance et sans bonheur,
Au fond des bois, seule et pensive,
Exhaler sa vaine douleur.
Ces lieux n’ont plus d’écho qui me réponde :
Laisse-moi les quitter, laisse-moi fuir le monde ;
Fanvette, en le fuyant j’obéis à sa loi :
Je ne suis plus heureuse, il n’est plus fait pour moi.
J’ai tout perdu : la solitude
Me promet un triste repos ;
Ta compagne blessée y cachera ses maux,
Et du chant des regrets reprendra l’habitude.
Ce monde n’aura point mes regrets douloureux :
C’est à toi seule, à toi de les entendre ;
Il rit des plaintes d’un cœur tendre,
Et repousse les malheureux ;
Pour le charmer, conserve ton ramage.
Plus heureuse que moi, Fauvette, sois plus sage.
Maîtresse de ton sort, et libre de choisir,
Sous un ciel toujours pur va chercher un asile ;
Le froid climat où l’on m’exile
3r

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