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IDYLLES

Mais par une amoureuse et touchante aventure,
Lorsque tu le crois seul, errant et malheureux,
Il trouve un filet d’eau caché sous la verdure,
Et l’emporte gaiment dans son sein amoureux.
HÉLÈNE.

Mais il arrive à peine au fond de la vallée ;
Surpris par le torrent qui l’entraîne à son tour,
II y jette en tribut son onde désolée,
Et les ruisseaux unis s’y perdent sans retour.
DORIS.

Eh bien ! je n’irai pas jusqu’au torrent, bergère,
Donner à leur destin d’inutiles soupirs :
J’irai me regarder à la source légère
Qui se livre, naissante, au souffle des zephyrs.
Sur ses ives, de mousse et de roseaux parées,
Le soir, je conduirai mes brebis altérées.
Ainsi, dans l’eau, qui change au caprice des vents,
Tu verras tes ennuis, je verrai mes beaux ans.
HÉLÈNE.

Oh ! n’abandonne pas nos tranquilles demeures !
Laisse y couler en paix tes innocentes heures.
Sipialy