Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/321

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qu’il y peut bien entrer du vent, ie veux | dire de l’æther, par les pores du tuyau. Ie l’auoüe ; mais conſiderez que l’æther qui y entrera ne peut venir d’ailleurs que du ciel ; car encore qu’il y en ait par tout dans 5 les pores de l’air, il n’y en a pas toutesfois plus qu’il en faut pour les remplir ; et par conſequent s’il y a vne nouuelle place à remplir dans le tuyau, il faudra qu’il y vienne de l’æther qui eſt au deſſus de l’air dans le ciel, & partant que l’air ſe hauſſe en ſa place.

10 Et afin que vous ne vous trompiez pas, il ne faut pas croire que ce vif-argent ne puiſſe eſtre ſeparé du plancher par aucune force, mais ſeulement qu’il y faut autant de force qu’il en eſt beſoin pour enleuer tout l’air qui eſt depuis là iuſqu’au deſſus des nuës.

15 Maintenant, quand il y a de l’air chaud dans vn verre, imaginez-vous que c’eſt cette laine dans laquelle il y a des tourbillons de vent fort impetueux, qui la font eſtendre plus que de couſtume, & ainſi occuper plus de place que lors que l’air ſe refroidit. 20 Or il faut que vous ſçachiez que l’impetuoſité de ce vent eſt plus forte que la peſanteur de toute la laine qui eſt au deſſus, puis qu’elle ne laiſſe pas de faire que les parties de celle qui eſt deſſous s’éloignent lvne de l’autre en ſe rarefiant. Que ſi on renuerſe vn 25 verre ſur vne pierre, & qu’on le bouche bien tout autour, l’air qui eſt dedans en ſe refroidiſſant, c’eſt à dire les parties de cette laine ceſſant d’eſtre meuës par le vent qui eſt parmy, n’auront plus beſoin de tant de place, & ainſi la peſanteur de la laine qui eſt au 30 deſſus commencera à auoir ſon effet en preſſant le verre tout autour, & le faiſant reſſerrer & reſtrecir en