Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/322

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dedans le plus qu’il luy eſt poſſible. Mais pour ce que vous dites qu’encore que ce verre ne cede aucunement, l’air qui eſt enfermé dedans ne laiſſera pas de ſe refroidir ſans ſe condenſer, ie l’accorde ; car quoy que le vent ſoit beaucoup diminué, il eſt touſiours 5 ſuffiſant pour épandre çà & là dans tout le creux du verre le peu de laine qui y eſt renfermé. l’écris cecy en courant, afin d’enuoyer ma lettre dés ce ſoir, & ie vous en pourray dire Ieudy dauantage. Adieu.

Les idées que Descartes expose dans cette lettre étaient aussi celles de plusieurs de ses contemporains.

Beeckman, consignant ses entretiens avec Gassend (juillet 1629), Math. Phys. Medit. Centuria, no 77, p. 45, dit ceci : « … Tum quoque ostendi aerem esse gravem, nosque undique ab eo æqualiter premi, ideoque non dolere, eamque esse causam fugæ vacui quant vocant. »

Cf. ib., no 35, p. 13 : « Vacui fuga explicatur… Accidit aeri more aquæ rebus incumbere, eumque secundum profunditatem incumbentis eas comprimere. Res autem quiescunt quædam, nec perpetuo dispelluntur, quia undique æqualiter ab aere incumbente comprimuntur, qualiter contingit nobis urinantibus premi ab aquâ ; magno autem nixu locum vacuum petunt, propter incumbentis aeris immensam profunditatem, obque inde natam molem… »

Cf. Mersenne, lettre à Jean Rey, 1er sept. 1631 : « Vous adioutés que l’air ne descend point dans vn puits ou dans les cauernes que par sa pesanteur. Ce n’est pas la vraie cause : car il entre et remplit tout de mesme les trous que l’on fait en haut, par exemple, dans les poutres et cheurons des planchers ; et l’on vous dira qu’il fait cela par sa legereté, puisqu’il monte en haut, puisqu’il n’est autre chose qu’vne infinie multitude de petites parcelles qui s’exhalent de la terre et de l’eau, sans lesquelles il n’y auroit que du vuide, et cette opinion est reçue de plusieurs par deçà. Ce n’est pas que ie croye que la fuite du vuide soit la cause efficiente de ce mouuement d’air qui va remplir les trous ; car ie ne crois pas seulement qu’il en soit la cause finale, puisque ce qui n’est point, et ce qui ne peut estre, à mon aduis, ne peut estre cause finale. Mais i’estime que la cause de ce remplissement d’air tant en haut qu’en bas vient de l’equilibre que la nature reprend : car la terre tirée des cauernes se faisant vne place dans l’air, elle le chasse et le contraint de descendre au lieu d’où elle a esté tirée ; autrement il faudroit que l’air, qui étoit auparauant dans l’espace que la terre remuée occupe, s’aneantît, ou qu’il