Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/463

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qu’ils ſont déja en lieu & en état que ceux qui m’auroient tué, ne les pourroient iamais auoir, & que ſi ie ne meurs fort à loiſir, & fort ſatisfait des hommes qui viuent, ils ne ſe verront aſſurement de plus de cent 5 ans après ma mort.

Ie vous ay beaucoup d’obligation des objections que vous m’écriuez, & ie vous ſuplie de continuer à me mander toutes celles que vous oyrez, & ce en la façon la plus deſauantageuſe pour moy qu’il ſe pourra ; 10 ce ſera le plus grand plaiſir que vous me puiſſiez faire ; car ie n’ay point coutume de me plaindre pendant qu’on panſe mes bleſſures, & ceux qui me feront la faueur de m’inſtruire, & qui m’enſeigneront quelque choſe, me trouueront touſiours fort docile. Mais ie 15 n’ay ſceu bien entendre ce que vous objectez touchant le titre ; car ie ne mets | pas Traité de la Methode, mais Diſcours de la Methode, ce qui eſt le meſme que Preface ou Aduis touchant la Methode, pour monſtrer que ie n’ay pas deſſein de l’enſeigner, mais ſeulement d’en 20 parler. Car comme on peut voir de ce que i’en dis, elle conſiſte plus en Pratique qu’en Theorie, & ie nomme les Traitez ſuiuans des Eſſais de cette Methode, pource que ie pretens que les choſes qu’ils contiennent n’ont pû eſtre trouuées ſans elle, & qu’on peut 25 connoiſtre par eux ce qu’elle vaut : comme auſſi i’ay inſeré quelque choſe de Metaphyſique, de Phyſique, & de Medecine dans le premier diſcours, pour montrer qu’elle s’étend à toutes ſortes de matieres.

Pour voſtre ſeconde objection, à ſçauoir que ie 30 n’ay pas expliqué aſſez au long, d’où ie connois que l’ame eſt vne ſubſtance diſtincte du cors, < et > dont la