Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/599

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tient, & la fin ſert à prouuer le commencement. Mais ie me promets que vous me continuerez touſiours à me mander franchement ce qui ſe dira de moy, ſoit en bien, ſoit en mal, & vous en aurez d’oreſnauant 5 plus d’occaſion que iamais, puiſque mon liure eſt enfin arriué à Paris*. Au reſte, chacun ſçachant que vous me faites la faueur de m’aimer comme vous faites, on ne dit rien de moy en voſtre preſence, qu’on ne preſuppoſe que vous m’en auertiſſez, & ainſi vous ne 10 pouuez plus vous en abſtenir ſans me faire tort.

Vous me demandez ſi ie croy que l’eau ſoit en ſon eſtat naturel eſtant liquide, ou eſtant glacée, à quoy ie répons que ie ne connois rien de violent dans la nature, ſinon au reſpect de l’entendement humain, 15 qui nomme violent ce qui n’eſt pas ſelon ſa volonté, ou ſelon ce qu’il iuge deuoir | eſtre ; & que c’eſt auſſi bien le naturel de l’eau d’eſtre glacée, lors qu’elle eſt fort froide, que d’eſtre liquide, lors qu’elle l’eſt moins, pour ce que ce font les cauſes naturelles qui font l’vn 20 & l’autre. Ie ſuis,

Mon R. P.
Voſtre tres-humble & tres-obeïſſant ſeruiteur, descartes.

Page 485, l. 6. — Chapelain à Balzac, 29 déc. 1637, post-scriptum : « J’oubliois à vous dire de Mr Descartes qu’il est estimé par tous nos docteurs le plus éloquent Philosophe des derniers temps, que n’y ayant que Cicéron, parmy les Anciens, qu’ils luy égalent, il se trouve d’autant plus grand que luy que Cicéron ne faisoit que prester des paroles aux pensées d’autruy, au lieu que cestuy-cy revest ses propres pensées qui sont sublimes et nouvelles la plus part. Il est vray que l’amour de la brièveté luy a quelques fois fait estrangler ses raisonnemens, en sorte qu’ils paroissent imparfaits. Sa Dioptrique et sa Geometrie sont deux chef--