Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/616

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prendre la peine d’examiner le troiſiéme Liure de ma Geometrie, i’eſpere qu’il le trouuera aſſez aiſé, & qu’il viendra bien aprés à bout du ſecond.

Au reſte ie crains bien qu’il n’y ait encore gueres perſonne qui ait entierement pris le ſens des choſes 5 que i’ay écrites, ce que ie ne iuge pas neantmoins eſtre arriué à cauſe de l’obſcurité de mes paroles, mais plutoſt à cauſe que paroiſſant aſſez faciles, on ne s’arreſte pas à conſiderer tout ce qu’elles contiennent. Et ie voy que vous meſme n’auez pas bien pris les 10 raiſons que ie donne pour les couronnes de la chandelle[1] : car ie n’y parle d’aucune preſſion, ou diſlocation de l’œil, ainſi que vous me mandez, mais de pluſieurs diuerſes diſpoſitions, qui peuuent toutes cauſer le meſme effet, & entre leſquelles celle que 15 vous dites auoir éprouuée eſt compriſe ; en ſorte que voſtre expérience fait entierement pour moy. Voyez en la page 279, ligne 5. Ie vous diray neantmoins que ce que vous attribuez à l’humidité qui couure voſtre œil, me ſemble proceder plutoſt de ce qu’il n’eſt pas 20 aſſez remply d’humeurs ou d’eſprits ; en ſorte que ſes ſuperficies ſont vn peu ridées, ſuiuant ce que i’écris en la meſme page, ligne 8 ; car ces humeurs ſe diminuent pendant le ſommeil, & reuiennent facilement vn peu aprés qu’on eſt éueillé. Mais vous pouuez voir 25 fort aiſement ce qui en eſt par experience : car ſi c’eſt l’humidité qui couure voſtre œil, au meſme inſtant que vous l’aurez eſſuyé auec vn mouchoir, ce phainomene ceſſera ; mais ſi c’eſt autre choſe, il ne ceſſera pas du tout ſi-toſt. 30

  1. Voir p. 318, l. 16.