Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/282

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270 Correspondance, i. sij-sij.

Mais pour ce qu'il y a icy quelques perfonnes, qui me veulent perfuader que plufieurs des Pères de voftre Compagnie parlent defauantageufement de mes écrits, & que cela incite vn de mes amis ^ à écrire vn traitté dans lequel il veut faire vne ample comparaifon de la 5 Philofophie qui s'enfeigne en vos écoles auec celle que i'ay publiée, afin qu'en monftrant ce qu'il penfe eftre mauuais en l'vne, il faffe d'autant mieux voir ce qu'il juge meilleur- en l'autre ; i'ay crû ne deuoir pas confentir à ce deffein, que ie ne vous en eufle aupa- 10 rauant auerty, & fupplié de me prefcrire ce que vous jugez que ie dois faire. L'obligation que i'ay à vos Pères de toute l'inftitution de ma jeunefTe, l'inclina- tion tres-particuliere que i'ay toufiours eue à les ho- norer, & celle que i'ay auffi à préférer les voyes i5 douces & amiables à celles qui peuuent déplaire, fe- roient des raifons alTez fortes pour m'obliger à prier cet amy de vouloir exercer fa plume fur quelque autre fujet, où ie ne fuffe point méfié, fi ie n'eftois comme forcé de pancher de l'autre cofté, par le tort qu'on dit 20 que cela me fait, & par la règle de prudence qui m'a- prend qu'il vaut beaucoup mieux auoir des ennemis déclarez que couuerts ; princi|palement en telle oc- cafion, où n'eftant queflion que d'honneur, d'autant que la querelle éclattera plus, d'autant fera-t-elle plus 25 auantageufe à celuy qui aura iufle caufe. Mais le ref- pe£l que ie vous dois, & l'affedion que vous m'aucz toufiours fait la faueur de me témoigner, a plus de force fur moy qu'aucune autre chofe, & fait que ic defire attendre vos commandemens fur ce fujet ; & ic 3o

a. Cet ami est évidemment Descartes lui-même. Voir le Prolcgomène.

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