Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/508

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49^ Correspondance. i, 404-4o5-

point le mefme refped pour moy, deux ou trois fri- pons, que quelque ennemy aura enuoyez à mes dif- putes, feront fuffifans pour les troubler; l*(: ayant éprouué cette fortune en mes dernières", ie croyrois m'abaiffer trop, & ne pas affez conferuer la dignité du 5 lieu que noftre tres-fage Magiftrat m'a fait l'honneur de vouloir que i'occupaife en cette Académie, û ie m'y expofois d'orénauant. Non pas que ie fois faf- ché pour cela, ny que ie penfe deuoir aucunement eftre honteux de ce qui s'eft palTé ; car, au contraire, lo ces faifeurs de bruit ayant toufiours interrompu nos réponfes, auant que de les auoir pu entendre, il a efté tres-aifé à remarquer, que nous n'auons point donné occafion à leur infolence par nos fautes, mais qu'ils eftoient venus à nos difputes tout à delTein de les i5 troubler, & d'empefcher que nous ne puiîions auoir le temps de | faire bien entendre nos raifons. Et l'on ne peut iuger de là autre chofe, fmon que mes enne- mis, en fe feruant d'vn moyen fifeditieux & Il iniurte, ont témoigné qu'ils ne cherchent pas la vérité, & 20 qu'ils n'efperent pas que leurs raifons foient fi fortes que les miennes, puis qu'ils'ne veulent pas qu'on les entende. Et quand on ne fçauroit pas que ces trou- bles m'auroient efté procurez par l'artifice d'aucuns ennemis, yêii à yô/a iuuenum aliquorum lafciuiâ, on fçait 25 bien que les meilleures chofes,eflant expofées au pu- blic, font auffi fouuent fuiettes à cette fortune que les plus mauuaifes ou impertinentes . Ainfi on eftoit autres- fois fort attentif aux badineries d'vn danceur de corde, là où ceux qui reprefentoient vne très-belle & très- 3o

a. Voir ci-avant, p. 462-463, éclaircissement.

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