1,90. CCCII. - — 2 1 Mai 1643. 661^
à faire bie'n entendre la première, à caufe que mon principal delTein eftoit de prouuer la diftinclion qui eft entre Famé & le corps ; à quoy celle-cy feulement a pu feruir, & l'autre y auroit efté nuifible. Mais, pour 5 ce que voftre Alteffe voit ii clair, qu'on ne luy peut dif- fimuler aucune chofe, ie tafcheray icy d'expliquer la façon dont ie conçoy l'vnion de lame auec le corps, & comment elle a la force de le mouuoir.
Premièrement, ie confidere qu'il y a en nous cer-
10 taines notions primitiues, qui font comme des origi- naux^ fur le patron defquels nous formons toutes nos autres connoiflances. Et il n'y a. que fort peu de telles notions; car^ après les plus générales, de l'eftre, du nombre, de la durée &c., qui conuiennent à tout ce
i5 que nous pouuons conceuoir, nous n'auons, pour le corps en particulier, que la notion de l'extenfion, de laquelle fuiuent celles de la figure & du mouuement; & pour l'ame feule, nous n'auons que celle de la penfée, en laquelle font comprifes les perceptions de
20 l'entendement & les inclinations de la volonté ; enfin, pour l'ame & le corps enfemble, nous n'auons que celle de leur vnion, de laquelle dépend celle de la force qu'a l'ame de mouuoir le corps, & le corps d'agir fur l'ame, en caufant fes fentimens & fes paflions.
25 le confidere aufii que toute la fcience des hommes ne confifte qu'à bien diflinguer ces notions, & à n'at- tribuer chacune d'elles qu'aux chofes aufquelles elles appartiennent. Car, lors que nous voulons expliquer
4-5 pour ce] parce. — 14- &c. — 16 en particulier o;h/5. —
i5 qui. .. conceuoir omis. Clev' 26 à omis après &. — 27-28 elle
selier place cette incise avant appartient.
Correspondance. III. 84
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