Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/696

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684 Correspondance.

moy toutes les caufes d'erreur que vous remarque-:^ en vojîre lettre, & de ne les pouuoir encore bannir entière- ment, puifque la vie que ie fuis contrainte de mener, ne me laijfe la difpojîtion d'ajfe:^ de tems pour acquérir vne habi- tude de méditation félon vos règles. Tantôt les intérêts de 5 ma mai/on, que ie ne dois négliger, tantôt des entretiens & complaifances, que ie ne peux euiter, m'abatent fifort cefoible efprit de fafcherie ou d'ennuy, qu'il fe rend, pour longtemps après, inutile a tout autre cho/e : qui Jeruira, comme i'efpere, d'excufe a ma Jlupidité, de ne pouuoir 10 comprendre l'idée par laquelle nous deuons iuger com- ment l'ame {non ejlendue & immatérielle) peut mouuoir le corps, par celle que vous aue^ eu autrefois de la pefan- teur^; ni pourquoy cette puijfance , que vous luy aue^ alors, fous le nom d'vne qualité, fauffement attribuée, de i5 porter le corps vers le centre de la terre, nous doit plufîôt perfuader qu'vn corps peut eflre pouffé par quelque chofe d'immatériel, que la demonflration d'vne vérité contraire [que vous promette:;^ en voflre phyjîque) nous confirmer dans l'opinion defon impoffibilité : principalement, puifque 20 cette idée (ne pouuant prétendre a la mefme perfeéîion & realité obieéîiue que celle de Dieu) peut efîre feinte par l'ignorance de ce qui véritablement meut ces corps vers le centre. Et puifque nulle caufe matérielle ne fe prefentoit aux fens, on l'auroit attribué a fon contraire, l'imma- zS teriel, ce que néanmoins ie n'ay iamais pu conceuoir que comme vne négation de la matière, qui ne peut auoir aucune communication auec elle.

9 qui] ce qui (F. de C). a. Voir ci-avant p. 667, 1. 18,

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