Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/704

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692 Correspondance. 1.94.

fentqu'obfcurement par rentendement feul, ny mefme par l'entendement aidé de l'imagination ; mais elles fe connoiflent tres-clairement par les fens. D'où vient que ceux qui ne philofophent iamais, & qui ne fe fer- uent que de leurs fens, ne doutent point que lame ne 5 meuue le corps, & que le corps n'agiffe fur l'ame; mais ils confiderent l'vn & l'autre comme vne feule chofe, c'eft à dire, ils conçoiuent leur vnion ; car con- ceuoir Ivnion qui efl entre deux chofes, c'eft les con- ceuoir comme vne feule. Et les penfées Metaphyfiques, 10 qui exercent l'entendement pur, feruent à nous rendre la notion de lame familière ; & l'étude des Mathéma- tiques, qui exerce principalement l'imagination en la confideration des figures l^ des mouuemens, nous acoutume à former des notions du corps bien diftin- i5 des ; et enfin, c'eft en vfant feulement de la vie &. des conuerfations ordinaires, & en s'abftenant de méditer & d'étudier aux chofes qui exercent l'imagination, qu'on apprend à conceuoir l'vnion de lame & du corps. 20

l'ay quafi peur que voftre Alteffe ne penfe que ie ne parle pas icy ferieufement ; mais cela feroit contraire au refpeél que ie luv dois, & que ie ne manqueray iamais de lui rendre. Et ie puis dire, auec vérité, que la principale règle que i'ay toufiours obferuée en mes 25 études, & celle que ie croy m'auoir le plus feruy pour acquérir quelque connoiftance, a efté que ie n'ay ia- mais employé que fort peu d'heures, par iour, aux penfées qui occupent l'imagination, & fort peu d'heures, par an, à celles qui occupent l'entendement 3o

3 le fens. — 4 second qui omis. — 5 leur fens. — 9 c'eft] eft.

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