Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/320

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}o6 Correspondance. 1,2s.

dant vne amertume intérieure, en s'aperceuant qu'ils font faux. Et encore qu'il pourroit arriuer qu'elle fuft fi continuellement diuertie ailleurs, que iamais elle ne s'en apperceuft, on ne iouiroit pas pour cela de la béatitude dont 3 il eft queftion, pour ce qu'elle doit 3 5 dépendre de noftre conduite, & cela ne viendroit que de la fortune.

Mais lors qu'on peut auoir diuerfes confédérations également vrayes, dont les vnes portent a eftre con- tens, & les autres, au contraire, nous en empefchent, 10 il me femble que la prudence veut que nous nous areftions principalement a celles qui nous donnent de la fatisfaétion ; & mefme, a caufe que prefque toutes les chofes du monde font telles, qu'on les peut re- garder de quelque cofté qui les fait paroiflre bonnes, «5 & de quelque autre qui fait qu'on y remarque des de- faux, ie croy que, fi on doit vfer de fon adreffe en quelque chofe, c'eft principalement a les fçauoir regar- der du biais qui les fait paroiflre le plus a noftre auan- ta^e, pouruu que ce h foit fans nous tromper. 20

Ainfy, lorfque voftre Alteffe remarque les caufes pour lefquelles elle peut auoir eu plus de loyfir, pour cultiuer fa raifon, que beaucoup d'autres de fon aage, s'il luy plaifl auffy confiderer combien elle a plus pro- fité que ces autres, ie m'affure qu'elle aura de quoy le 25 contenter. Et ie ne voy pas pourquoy elle ayme mieux fe comparer a elles, en ce dont elle prend fuiet de

«I nous portent. — 17 l'on. — 19 le plus omis. — 24 de confiderer.

a. Le MS. donne font (pour dont) et toit (pour doit).

b. MS. : se.

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