Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M4 Correspondance. i, ; 3-? 4 -

eft la caufe première & immuable de tous les effe&s qui ne dépendent point du libre arbitre des hommes a , prouuent, ce me femble, en mefme façon qu'il eft auffy la caufe de touts ceux qui en dépendent. Car on ne fçauroit demonftrer qu'il exifte, qu'en le confi- 5 derant comme vn eftre fouuerainement parfait ; & il ne feroit pas fouuerainement parfait, s'il pouuoit ar- riuer quelque chofe dans le monde, qui ne vint pas entièrement de luy. Il eft vray qu'il n'y a que la foy feule, qui nous enfeigne ce que c'eft que la grâce, 10 par laquelle Dieu nous éleue a vne béatitude furnatu- relle ; mais la feule Philofophie fuffit pour connoiftre qu'il ne fçauroit entrer la moindre penfée en l'efprit d'vn homme, que Dieu ne veuille & ait voulu de toute éternité qu'elle y entraft. Et la diftinétion de >5 l'Efchole, entre les caufes vniuerfelles & particulières, n'a point icy de lieu : car ce qui fait que le foleil, par exemple, eftant la caufe vniuerfelle de toutes les fleurs, n'eft pas caufe pour cela que les tulipes diffé- rent des rofes, c'eft que leur production dépend auffy jo de quelques autres caufes particulières qui ne luy font point fubordonnées ; mais Dieu eft tellement la caufe vniuerfelle de tout, qu'il en eft en mefme façon la caufe totale; & ainfy rien ne peut arriuer fans fa volonté. 25

Il eft vray auffy que la connoiffance de l'immor- talité de l'ame & des félicitez dont elle fera capable eftant hors de cete vie, pourroit donner fuiet d'en

4 touts ceux] toutes les actions. — io feule omis. — 14 ait] n'ait. a. Ci-avant p. ?o2, 1. i?.

�� �