Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

282

��i66 Œuvres de Descartes. 213-214.

naturelle nous dide qu'il n'y a aucune chofe de laquelle il ne foit permis de demander pourquoy elle exifte, ou dont on ne puiffe re- chercher la caufe efficiente, ou bien, 11 elle n'en a point, demander pourquoy elle n'en a pas befoin, ie répons que, fi on demande pourqiioj' Dieu exijfe, il ne faut pas répondre par la caufe efficiente, mais feulement : parce qu'il efl Dieu, c'efl à dire vu eftre infini. Que fi on demande quelle efl fa caufe efficiente, il faut répondre qu'il n'en a pas befoin; iL'- enfin, fi on demande pourquoy il n'en a pas befoin, il faut répondre : parce qu'il efl vu ejlre infini, duquel l'exiflence efl fon effence ; car il n'y a que les chofes dans lefquelles il efl permis de diflinguer l'exiflence actuelle de Tefence, qui ayent befoin de caufe efficiente.

Et partant, ce qu'il adioute immédiatement après les paroles que ie viens de citer, fe détruit de foy-mefme, àfçauoir : Si ie penfois, dit-il, qu'aucune choie ne peuit en quelque façon eftre à l'égard de fov- mefme ce que la caule efficiente eft à l'égard de l'on eftect, tant s'en faut que de là ie vouluffe conclure qu'il y a vne première caufe, qu'au contraire de celle-là mefme qu'on appelleroit première, ie rc- chercherois derechef la caufe, & ainfi ie ne viendrois iamais à vne première.

I Car, au contraire, fi ie penfois que, de quelque chofe que ce fuft, il falufi rechercher la caufe efficiente, on quafi efficiente, i'aurois dans l'efprit de chercher vne caufe différente de cette chofe ; d'autant \qu'il ejî manifefle que rien ne peut en aucune façon eftre à l'égard de foy-mefme ce que la caufe efficiente efi à l'égard de fon effeél.

Or il me femble que nofire auteur doit eftre auerti de confiderer

diligemment & aiiec attention toutes ces chofes, parce que ie fuis

affuré qu'il y a peu de Théologiens qui ne s'offenfent de cette propo-

fition, àfçauoir, que Dieu eft par foy pofitiuement, & comme ji;ar

vne caufe.

// ne me refle plus qutmfcrupule, qui eft de fçauoir comment ilfe peut deffendre de ne pas commettre vn cercle, lorfqu'U dit que nous ne fommes affurez que les chofes que nous conceuons clairement & diftindement font vrayes, qu'à caufe que Dieu eft ou exifte.

Car nous ne pouuons efire affure\ que Dieu eft, finon parce que nous conceuons cela tres-clairement & tres-diflindement ; doncques, auparauant que d'eftre affure:{ de l'exiflence de Dieu, nous deuons eftre affurei que toutes les chofes que nous conceuons clairement & diftinctement font toutes vi-a/es.

l'adiouteray tme chofe qui m'efloit efchapée, c'efl à fçauoir, que cette propofition me femble fauffe que Monfieur Des-Cartes donne

�� �