Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/332

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}4 OEuvREs DE Descartes.

��20. Que nous ne fommes pas la caufe de nous meftnes, mais que c'ejl Dieu, & que par confequent il y a vn Dieu.

Mais tout le monde n'y prend pas garde comme il faut ; & pource que nous fçauons affez, iors que nous auons vne idée de quelque machine où il y a beaucoup d'artifice, la façon dont nous l'auons eue, & que nous ne fçaurions nous fouuenir de mefme quand l'idée que nous auons d'vn Dieu nous a efté communiquée de Dieu, à caufe qu'elle a touf-jours elté en nous, il faut que nous facions encore cette reueuë, & que nous recherchions quel eft donc l'autheur de nojlre ame ou de nojtre penjée, qui a en foy l'idée des perfedions infinies qui font en Dieu : pource qu'// ejî éuident que ce qui con- noit quelque chofe de plus parfait que foy, ne s'eft point donné l'eltre, à caufe que par mefme moyen il fe feroit donné toutes les perfedions dont il auroit eu connoifTance ; & par confequent qu'il ne fçauroit fubfifter par aucun autre que par celuy qui poffede en effect toutes ces perfedions, c'eft à dire qui elt Dieu.

2/. Que la feule durée de nojlre vie J'uffit pour démontrer que Dieu ejK

le ne croy pas qu'on doute de la vérité de cette demonftration,

pourueu qu'on prenne garde à la nature du temps ou de la durée

16 de I nojlre rie. Car, eftant telle que fes parties ne dépendent point

les vnes des autres & n'exillent jamais enfemble, de ce que nous

fommes maintenant, il ne s'enfuit pas necejj'airement que nous

foyons vn moment après, fi quelque caufe, à fçauoir la mefme qui

nous a produit, ne continue à nous produire, c'ell à dire ne nous

conferue. Et nous connoilfons aifement qu'il n'y a point de force

en nous par laquelle nous puiffions J'ubjijler ou nous conferuer vn

feul moment & que celuy qui a tant de puiffance qu'il nous fait

fubjijler hors de luy & qui nous conferue, doit... fe conferuer foy-

mefme, ou pluftoft n'a befoin d'eftre eonferué par qui que ce ibit,

& enfin qu'il elt Dieu.

22. Qu'en connoijfant qu'il y a vn Dieu, en la façon icy expliquée, on connoit aujfi tous fes attributs, autant qu'ils peuuent ejlre connus par la feule lumière naturelle.

Nous receuons encore cet auantage, en prouuant de cette forte l'exiftence de Dieu...', que nous connoilfons par mefme moyen ce

a. « Per ejus scilicet ideam. »

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