Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/331

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Principes. — Première Partie. j }

��i8. Qu'on peut derechef démontrer par cela qu'il y a vn Dieu.

De mefme, pource que nous trouuons en nous l'idée d'vn Dieu ou d'vn Eftre tout parfait, nous pouuons rechercher la caufe qui fait que cette idée eft en nous; mais, apxes auoir confideré auec attention combien font immenfes les perfeâions qu'elle nous reprefente, nous fommes contraints d'aduoùer que nous ne fçaurions la tenir que d'vn Eftre tres-parfait, c'eft à dire d'vn Dieu qui eft véritablement ou qui exifte, pource qu'il eft non feulement manifefte par là lumière naturelle que le néant ne peut eftre autheur de quoy que ce foit, & que le plus parfait ne fçauroit efir'e vue fuite & vne de\pendance^ du 14 moins parfait, mais auflî pource que nous voyons, par le moyen de cette mefme lumière, qu'il eft impolîîbie que nous ayons l'idée ou l'image de quoy que ce foit, s'il n'y a..., en nous ou ailleurs, vn ori- ginal qui comprenne en effet toutes les perfeélions qui nous font ainfi reprefentées. Mais comme nous fçauons que nous fommes fujets à beaucoup de deffauls, & que nous ne polfedons pas ces extrêmes perfedions dont nous auons l'idée, nous deuons conclure qu'elles font en quelque nature qui eft différente de la noftre & en effet tres- parfaite, c'eft à dire qui eft Dieu; ou du moins qu'elles ont efté autrefois en cette chofe ; & il fuit..., de ce qu'elles efloient infinies, qu'elles y font encore.

tg. Qu'encore que nous ne comprenions pas tout ce qui efl en Dieu, il ■ n'y a rien toutefois que nous ne connoijjions fi clairement comme fes perfeâions.

le ne voy point en cela de difficulté, pour ceux qui ont accouftumé leur efprit à la contemplation de la Diuinité, & qui ont pris garde à fes perfedions infinies. Car, encore que nous ne les comprenions pas, pource que la nature de l'infiny eft telle que des penfées finies ne le fçauroient comprendre, nous les conceuons neantmoins plus clairement & plus diftindement que les chofes matérielles, à caufe qu'eftant plus fimples & n'eftant point limitées, ce que nous en con- ceuons eft beaucoup moins confus\ Aufft il n'y a point defpeculation qui I puiffe plus ayder à perfeâionner noflre entendement & qui foit 15 . plus importante que celle-cy, d'autant que la confideration d'vn objet qui n'a point de bornes en fes perfedions nous comble de fatisfaâion & d'ajjeurance.

a. « Ut a causa efficiente et totalî produci. »

b. « Quia cogitationem nostram magis implant. »

Œuvres, IV. 36

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