84 OEuvRES DE Descartes.
C'eft pourquoy, lors qu'vne partie de la matière fe meut deux fois plus vite qu'vne autre, & que cette autre efl: deux fois plus grande que la première, nous deuons penfer qu'il y a tout autant de mou- uement dans la plus petite que dans la plus grande; & que toutesfois & quantes que le mouuement d'vne partie diminue, celuy de quelque autre partie... augmente à proportion. NousconnoilTonsauiïl que c'eft vne perfection en Dieu, non feulement de ce qu'il eft im- muable en fa nature, mais encore de ce qu'il agit d'vne façon qu'il ne change jamais : tellement qu'outre les changemens que nous voyons. . . dans le monde, & ceux que nous croyons, parce que Dieu les a reuelez,& que nous fçauons...arriuer ou e/ire arviue\ en la na- ture, fans aucun changement de la part du Créateur, nous ne deuons point en fuppofer d'autres en fes ouurages, de peur de luy attribuer de l'inconftance. D'où il fuit que..., puis qu'il a meu en plufieurs façons différentes les parties de la matière, lors qu'il les créées, & qu'il les maintient toutes en la mefme façon & auec les me/mes loix qu'// leur a fait obferuer en leur création, il conferue incefl"amment en cette matière vne égale quantité de mouuement".
��95 I 3-j. La première loy de la nature : Que chaque chofe demeure en l'ejlat qu'elle ejl, pendant que rien ne le change. . .
De cela aulTi que Dieu n'eft point fujet à changer, & qu'il agit touf-jours de mefme forte, nous pouuons paruenir à la connoiffance de certaines règles, que je nomme les loix de la nature, & qui font les caufes fécondes... desdiuers mouuemens que nous remarquons en tous les corps; ce qui les rend icf fort confiderables. La première eft que chaque chofe en particulier... continue d'eftre en mefme eftat autant qu'il fe peut, & que jamais elle ne le change que par la ren- contre des autres . AÀnÇy nous voyons tous les jours lors que quelque partie de cette matière eft quarrée,... qu'elle demeure touf-jours quarrée, s'il n'arriue rien d'ailleurs qui change fa figure; & que, fi elle eft en repos,... elle ne commence point à fe mouuoir defoy-mefme. Mais lors qu'elle a commencé vne fois de fe mouuoir, nous n'auons aufli aucune railbn de penfer qu'elle doiue jamais ceffer de fe mou- uoir de mefme force..., pendant qu'elle ne rencontre rien qui retarde ou qui arrefte l'on mouuement. De façon que, fi vn corps a com- mencé vne fois de fe mouuoir, nous deuons conclure qu'il continue par après de fe mouuoir, & que jamais il ne s'arrejle de foy-mefme.
a. Voir Correspondance, t. V, p. 385,
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