Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/485

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DLXXXVI. — lo FiiVRiER 16^0. 471

» tomba malade, quinze jours après moy, d'vn mal tout pareil et qui le » saisit aucc les mesmes simptomes ; mais, soit qu'il fust plus violent, ou .. que la difficulté qu'apporta le dict sieur Descartes a se laisser tirer dii .. sanf; les premiers jours, ait augmenté l'inflammation, il n'a point passé » le neutiesme. C'estoit vn homme d'vn sçauoir exquis ; mais l'intime » amiiié qui cstoii entre kiy et moy me rend encore plus sensible. » [Bibl. Nat.,fr. i-jg06,p. i52-i53.)

« A Madame la Princesse Elisabeth Palatine, 19 feburier i65o. — Ma- » dame, Le deuoir que je rends présentement a Vostre Altesse Royale est » le dernier de tous ceux par lesquels j'aurois désiré luy tesmoigner mon » très humble respect ; mais je pense estre obligé a luy rendre compte .) d'vne personne qu'elle cstimoit pour son rare mérite, et vous "dire, » Madame, aucc vnc douleur incroyable que nous auons perdu Monsieur » d'Escarics. Nous fusmcs, luy et moy, atteints quasi en mesmc temps >. d'vne pareille maladie de fiebure continue auec inflamation de poul- » mon ; mais, pour ce que sa fieure fut au commencement plus interne, il » ne la jugea pas si dangereuse et ne souffrit pas qu'on luy tirast du sang » pendant les premiers jours, ce qui rendit le mal si violent, que toutes » nos peines et le soing continuel que la Reine de Suéde a pris de luy i> envoyer ses médecins, n'ont point empesché qu'il ne soit decedé le » ncufiesme jour de sa maladie. Sa fin a esté douce et paisible et pareille

» a sa vie. »

« Pour ce qu'il me faisoit l'honneur de vivre avec moy, j'ay esté obligé » d'avoir soing de ce qu'il a laissé, et taire dresser un inventaire de tout » ce qui s'est trouvé dans ses coffres. Entre ses papiers, il s'est rencontré » quantité de lettres que Vostre Altesse Royalle luy a fait l'honneur de » luy escrire, qu'il tenoit bien précieuses, quelques vues estant soigneu- » sèment serrées avec ses plus imporians papiers. Je les ay toutes mises a » part, et les ay tirées du coffre sans les comprendre dans l'inventaire. Je » ne doute point, Madame, qu'il ne l'ust auantageux a vostre réputation » que l'on connust que vous auéz eu des entretiens sérieux et sçauans » auec le plus habile homme qui ayt vescu depuis plusieurs siècles; et » j'ay sceu de Monsieur Descartes mesme que vos lettres estoient si » plaines de lumière et d'esprit, qu'il ne vous peut estre que glorieux » qu'elles soient veues. Et neantmoins j'ay pensé qu'il estoit de mon I) respect envers Vostre Altesse Royale, et de ma fidélité envers mon amy » defunct, de n'en lire aucune, et ne permettre pas qu'elles tombent entre » les mains de qui que ce soit, que par l'ordre et la permission de Vostre » Altesse Royalle, que j'attendray avec ses commandemens, dont je la » supplie très humblement de m'honorer.

» Je suis,

» Madame, » de Vostre Altesse Royalle, » le très humble et très obéissant seruiteur, etc. » (/t., p. i55-i58.)

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