Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/663

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(■4-'5) Tome III. 649

» infatué du nom & des opinions de Monfieur Defcartes, luy qui » dit auoir des demonftrations que toute fa Phj'fique ne vaut rien, » parce qu'elle pèche dans le principe, vouloit charitablement nous » inflruire en mettant fes penfées & fes.raifons fur le papier, ie luy » promets d'y acquiefcer, ou de luy répondre. Mais s'il n'en veut » rien faire, comme ie me doute bien qu'il n'en fera rien, pour ne » pas perdre le droit dont il fe flatte de fe pouuoir ainfi vanter, & » pour éuiter peut-eflre la honte qu'il auroit, fi, après auoir fait » tant de bruit, il venoit à ne produire que de mauuaifes railbns, ie » le prie de ne pas trouuer mauuais, û ie préfère les fentimens d'vn » homme qui me parle & que i'entens, à ceux qu'il dit auoir, & » qu'il ne veut pas me découurir; & fi, pour rendre témoignage à » la vérité, l'a}' acheué vne hiftoire dont il ne rapportoit que la » moitié. Il doit mefme me fçauoir gré de ce que, tout oppofé que » ie fois à fes fentimens, ie ne laiffe pas de le regarder comme vn » homme qui peut eftre mis en parallèle auec Monfieur Defcartes » en ce qui concerne la Géométrie, & qui pourroit beaucoup auan- )» cer en Phyfique, s'il ne trauailloit point fur des principes qui » l'empefchent d'aller auffi loin que le pourroit porter la force de" » fon génie. »

« Mais ie ne luy fçaurois pardonner vne chofe, qui eft, qu'après » la mort du Père Merfenne, s'eftant rendu maiftre de toutes les » lettres que Monfieur Defcartes luy auoit écrites, il a refufé de » me les communiquer, pour corriger fur ces Originaux les défauts » qui pouuoient élire reliez dans les Minutes que Monfieur Def- » cartes s'efloit referuées.Il croyoit fans doute que ie me mocquois, I) quand ie luy difois que l'en auois les minutes, & ne pouuoit fe » perfuader qu'vn iour le public feroit informé de tout ce qui 1) s'eitoit paffé entr'eux. Mais après luy auoir faij voir par vne » expérience affez fenfible, à fçauoir, par l'imprefTion de deux Vo- )) lûmes I entiers, que ie n'eflois pas vn mocqueur, il pouuoit me » croire dans ce qui le regardoit, & deuoit, ce me femble, m'offrir » de luy-mefme toutes ces lettres, qui ne luy appartiennent point, » afin que celles que ie ferois imprimer fullént plus fidèles & plus »> correctes, & que, par erreur ou autrement, ie ne miffe rien du » mien qui puft eltre à fon defauantage. Mais, nonobftant ce refus, ji qui auroit peut-eflre irrité vne perfonne moins fcrupuleufe ou )) plus emportée que ie ne fuis, ie n'ay pas laifie d'agir auec luy .) dans cette rencontre auec toute la ciuilité qu'il pouuoit defircr » de moy ; car, auant que ces lettres fuffent imprimées, ie me fuis » offert à les luy monftrer, afin qu'il les corrigeaft, s'il y auoit des

Correspondance. V. 82

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