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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, VIII.djvu/670

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pour ce ſujet ; & bien qu’il les ait prouuées ſi euidemment, que Meſſieurs de Groningue ne les ont aucunement miſes en doute, il n’a pû toutesfois encore chez vous en eſtre abſous. En ſorte qu’il ſemble que vous ayez fait, depuis quatre ans[1], tout voſtre 5 poſſible pour me lier les mains, & empeſcher que ie ne me deſſendiſſe, pendant que mon ennemy me battoit, & qu’il deſchargeoit toute ſa colere & toute ſa rage ſur moy.

Mais ie mettray auſſi, s’il vous plaiſt, entre les raiſons 10 pour leſquelles i’attens de vous vne iuſte & entiere ſatisfaction, que ie n’ay point voulu rompre ces liens dont vous me reteniez, bien qu’il m’euſt eſté tres-facile ; & que i’ay ſouffert patiemment toutes les injures que i’ay receües de Voëtius depuis ce temps-là, 15 ſans m’en reuancher, pour cette ſeule conſideration, que i’ay veu que vous le couuriez tellement de voſtre Corps, que ie ne pouuois pas aiſément le frapper ſans vous toucher, & que ie ne voulois pas vous offenſer. Auſquelles choſes ie vous ſupplie de vouloir 20 auoir égard, afin que ie puiſſe receuoir de vous la ſatisfaction que ie pretens. Et ſi ie n’en puis obtenir d’autre, qu’il vous plaiſe au moins | m’octroyer, ce qu’on n’a pas couſtume de refuſer aux plus criminels, & de trouuer bon que ie ſçache quelle eſt la ſentence[2] 25 qu’on dit auoir elle donnée contre moy, par quels luges elle a eſté donnée, ſur quoy ils ſe ſont fondez, & quelles ſont toutes les charges ou les preuues qu’ils ont euës pour me condamner. Sur quoy ie prie Dieu

  1. Voir ci-avant, p. 271, note d.
  2. Id., p. 217, note d.