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204 ^'^ ^^ Descartes.

est-elle réglée par les principes qu'il a supposés, et qui con- sistent dans la nature de l'eau et la matière subtile. Grâce à ces suppositions, tout s'explique très simplement, et notre philosophe ne cesse de répéter « vous ne vous étonnerez pas », ou « ce n'est pas merveille », si telle ou telle chose arrive. Il trouve, en effet, explication à tout : propriétés communes qui rendent le sel piquant, et augmentent le poids de l'eau de mer; phénomènes plus curieux et plus rares, comme l'étincel- lement des vagues parfois pendant la nuit, ou bien la pro- duction artificielle de la glace avec un mélange de sel commun et de glace pilée ou de neige". Descartes avait ses raisons de s'étendre ainsi sur l'explication du sel : il voulait, par un exemple typique, montrer comment sa philosophie substituait avec avantage aux prétendues /orme^ de l'Ecole, formes pure- ment verbales, et simple dédoublement abstrait de la réalité, ce qu'il appelle encore du même nom de forme, mais forme géométrique cette fois, et qui offre à l'esprit quelque chose de clair et de distinct, quelque chose aussi de fécond, puisqu'on voit naître de là toutes les qualités ou propriétés d'un corps. Enfin cette dernière raison est aussi à retenir : dans tous les traités du temps sur les Météores, il était question, sinon du sel, au moins de la salure de la mer, de salsedine maris.

C'est peut-être aussi parce qu'il suivait encore la tradition du passé, et ne voulait point rompre avec un antique usage, que Descartes commence son traité par un chapitre sur les Vapeurs et les Exhalaisons. On ne faisait pas autrement depuis Aristote, et les contemporains de notre philosophe ne man- quaient pas de diviser ensuite les Météores en quatre sortes ou espèces, d'après les quatre éléments, le feu, l'eau, l'air et la terrée Descartes ne conserve pas cette division; de plus, il

a. Tome VI, p. 255, 1. i6, à p. 256, 1. 26, ctinccllcment des vagues ; p. 252, 1. 26, à p. 253, 1. 21, glace artificielle.

il. Ibid., p. 232, j. 4-12.

c. Voici dans la Summa Philofophica d'Eustache de Saint-Paul (dit le Feuillant), i" édit., 1609, et 2» édit., i6m, le sommaire du chapitre

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