Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/270

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on eût dit au xviie siècle, une personne de condition, loin de là ; elle était en service, et il s’agissait d’abord de l’en retirer. Une fois en sa vie, au moins, le philosophe n’avait pas été exempt des faiblesses humaines ; il en acceptait résolument les conséquences. On comprend toutefois que, sans se cacher, mais n’étant plus seul, il ait préféré, encore plus qu’auparavant, vivre à l’écart. Or, à Santpoort, il n’avait pas à craindre d’être gêné par les voisins ; et cependant il était sûr de trouver, à deux pas, quand il voulait, la conversation d’un ou deux amis : dans les lettres de cette période, il fait assez souvent mention de visites à Harlem chez Bannius ou Bloemaert. Il donne même à Mersenne l’adresse de Bloemaert, pour les lettres qu’on lui écrit à lui-même[1] ; c’est là qu’il les fera prendre, et la distance n’était pas grande, puisqu’un jour, au moment de cacheter ce qu’il venait d’écrire, il se ravise, envoie un exprès à Harlem pour voir s’il n’y avait pas quelque chose pour lui, et a encore le temps de répondre le même soir à trois lettres qu’on lui rapporte[2]. Plus tard, en octobre 1639, après une visite à La Haye, il prend, pour rentrer chez lui, le bateau de Harlem[3]. Plus tard encore, parlant d’une violente tempête, il ajoute que pourtant elle ne s’est pas fait sentir dans la mer, « à dix ou douzes lieues de là[4] » ; il voulait dire la haute mer, celle qu’on va voir à la pointe du Helder, et c’est bien à peu près la distance où elle se trouve de Santpoort. Enfin, lorsque, après avril 1640, il est revenu demeurer à Leyde, il envoie à Mersenne l’adresse de Bannius[5], ne pouvant plus, comme il l’avait fait jusque-là, remettre lui-même à celui-ci les lettres qu’il recevait pour lui dans son propre paquet.

  1. Tome II, p. 191, l. 10-21 : lettre du 29 juin 1638. Voir aussi, ibid., p. 361, l. 10-16 : p. 399-400 ; p. 457, l. 17-18 ; p. 570, l. 11-12.
  2. Ibid., p. 437, l. 19, à p. 438, l. 8 : lettre du 15 nov. 1638.
  3. Ibid., p. 601, l. 2-3 : oct. 1639.
  4. Tome III, p. 14, l. 21-23 : lettre du 29 janvier 1640.
  5. Ibid.. p. 127, l. 21-23 : lettre du 30 juillet 1640 : « En la rue de Saint-Iean, vis à vis de la Commanderie à Harlem. » Voir aussi t. II, p. 150, l. 12 : lettre du 17 mai 1638.