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254 Vie de Descartes.

que la poulie, le plan incliné et le levier (il n'a pas examiné d'autres a engins » dans son second écrit) ne viennent là que pour servir d'exemples, sans lesquels son écrit eût semblé « trop sec et trop stérile » ; mais le principe est si clair, de soi, qu'il n'a besoin d'aucune preuve^. Nous sommes avertis: la partie essentielle, capitale pour lui, c'est la partie purement théorique, l'établissement du principe lui-même.

Le premier titre, en octobre lôSy, était ; Explication des engins par l'ayde desquels on peut, avec une petite force, lever un fardeau fort pesant. Descartes a le même objet en vue l'an- née suivante, bien que le nouveau titre : Examen de la ques- tion géostatique, donne un peu le change, et annonce des consi- dérations sur les centres de gravité des corps et les variations de pesanteur selon la distance de ceux-ci au centre de la terre. Le philosophe écarte sagement ces considérations, ou du moins ne s'y attarde pas, toujours « faute d'expériences ». Mais c'est la même chose, dit-il, d'élever de 2 pieds un poids de loo livres, ou d'un pied un poids de 200, ou de 4 un de 5o; dans les trois cas, et dans tous les autres du même genre, le travail est le même, comme on dirait aujourd'hui ; on se trouve en présence d'une quantité cou -tante. Et voilà, en quelques lignes, tout son principe.

On le jugea trop simple à Paris. Descartes ne tenait compte que de deux choses : le poids, d'un côté, et de l'autre, Vespace que mesure le corps en s'élevant. Mais le temps employé ? Et la vitesse surtout, avec laquelle le corps s'élève ? Descartes y avait bien pensé ; mais, systématiquement, il exclut les consi- dérations de temps et de vitesse, bien que conformes à la tra- dition de l'École (ou peut-être même à cause de cela) : c'eût été une complication en pure perte. Galilée, cependant, insistait sur la vitesse, et Descartes le savait bien, au moins par ouï- dire. Mais quoi ? il n'approuvait pas en cela Galilée. Et Stevin non plus, et encore moins Roberval, n'étaient ses maîtres en

a. Tome II, p. 358, 1. i-i6 : lettre du 12 sept. i638.

b. Ibid., p 228, 1. 10-21. Voir aussi t. I, p. 435-436.

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