Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/276

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de nous faire du bien ou du mal, ſans que nous ſachions lequel des deux elles feront. Car nous avons de l’amour & de la dévotion plutoſt qu’une ſimple vénération pour celles de qui nous n’attendons que du bien, & nous avons de la haine pour celles de qui nous n’attendons que du mal ; & ſi nous ne jugeons point que la cauſe de ce bien ou de ce mal ſoyt libre, nous ne nous ſoumettons point à elle pour tacher de l’avoir favorable. Ainſi, quand les païens avaient de la vénération pour des bois, des fontaines ou des montagnes, ce n’étoit pas proprement ces choſes mortes qu’ils révéraient, mais les divinitez qu’ils penſaient y préſider. Et le mouvement des eſprits qui excite cette paſſion eſt compoſé de celuy qui excite l’admiration & de celuy qui excite la crainte, de laquelle je parlerai ci-après.

Art. 163.