Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t5, 1874.djvu/201

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ROMÉO ET JULIETTE. 11)3 Un seul instant me paie un siècle de torture. Lève-toi, lève-toi, sors de ta sépulture! Ma Juliette ! — Vois Roméo ! vois le jour ! Viens puiser sur ma bouche et la vie et l’amour ! Oh ! viens ! JULIETTE, regardant autour d’elle d’un air eCfari:’. Bénissez-moi, grand Dieu! — Quel fi’oid j’éprouve! Qui donc est là? ROMÉO. C’est moi, ton époux qui retrouve Une joie inefTable après le désespoir. Qui te croyait perdue et qui peut te revoir. Sors de ce tombeau, viens et fuj’ons en silence, Fuyons tous deux. n renlÈve et rôte de sa bière et la porte sur le devant du théâtre. JULIETTE , résistant, sans rien reconnaître encore. Pourquoi me fait-on violence? Je n’obéirai pas; non, non, je le promets. Ma force peut fléchir, ma volonté, jamais. Je n’épouserai point Paris, et je déclare Roméo mon époux. HOMÉO. Ah ! sa raison s’égare! Dieu juste! — Oui, Roméo, chère ùme, est ton époux, Et je suis Roméo! Viens et tous les rois, tous. Ne pourront point briser notre immortelle chaîne Et t’arracher d’un cœur où Juliette est reine ! JULIETTE, avec une ivresse croissante. Cette voix qui me parle, oh ! je la reconnais ! Sa douceur me ravit, m’enflamme, — je renais! Je me rappelle tout à présent — chaque chose Revient! oui, oui, c’est toi ! c’est moi ! — Mon cœur se pose Sur ton cœur... Saints transports du ciel! ô mon amant! mon époux ! Roméo commence à ressentir les atteintes du poison, au mo- ment oii Juliette se précipite dans ses bras. Oh! Dieu! tu m’évites! comment? Roméo veut me fuir encore! Oh! que je touche