Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t6, 1874.djvu/350

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3i(l OEUVRES D’EMILE DESCHAMPS. Qu’un dévoùment commun entraîne à vous commettre, Épluchant tour à tour page, ligne, mot, lettre, Épiant la coquille et guettant le bourdon. Péchés de tj-pographes indignes de pardon, Bourreaux par qui l’auteur est souvent sur la claie, Et que vous saviez fuir sous les presses de Claye. Mais vous lisiez Deschamps, heureuse indemnité! — Pour ce soin, pour ce prix doublement mérité, Deschamps vous eût triés dans son autre famille De disciples, d’amis, dont la France fourmille. Éditeurs ses parents, éditeurs ses amis. Ce livre dans les mains, l’orgueil vous est permis. Sur le raj’on d’honneur, dans nos bibliothèques. Non loin des œuvres d’art ou latines ou grecques, — Il a leur atticisme et leur urbanité — Il cohabitera sans trop d’humilité. Pas un bibliophile ouvrant son tabernacle Qui ne cherchât Deschamps parmi ceux du cénacle; Deschamps manquait toujours : il est enfin venu. Sainte-Beuve, Gautier, Hugo l’ont reconnu, Se serrent, lui font place, et la même tablette Porte du romantisme une élite complète. Va donc, Livre charmant, va, dans ton large essor, De la France lettrée enrichir le trésor. C’est à vos yeux surtout qu’il doit briller, en somme, Jeunes Parnassienu, puisqu’ainsi l’on vous nomme. Deschamps fut votre oracle, il fut votre patron; Vous aviez pour berceau ce paternel giron. Que j’en ai vu venir qui, d’une voix discrète, Invoquaient, pleins d’espoir, le conseiller-poëte ! Un parrain obligeant leur ouvrait le chemin; Ils venaient s’essayer, l’œuvre nouvelle en main. Et c’était chaque jour quelque naissant artiste Qui visitait, pieux, cet autre Jean-Baptiste. Aux vers du débutant son oreille s’ouvrait, Sympathique, attentive, accueillant chaque trait, Trouvant, n’en fùt-il pas, dans le moindre grimoire, A louer quelque vers qu’il citait de mémoire.