Page:Deschamps - Œuvres complètes, tome 6.djvu/22

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Quant il suit mal et qu’il n’a du bien cure
Plus que beste se nuist et contralie
292 bQuant en son cuer les vertus ne figure,
35 Fuians le mal, Dieu et son corps injure :
Pour ce est homs foulz appelez qui folie.


MCIII
Chançon Royal.[1]
(Cupidité des gens de cour.)


Eaues courans et de pluseurs ruisseaulx
Firent un lac si grant en un pais
Qu’il se peupla de lus[2] et de carreaulx[3]
Carpes, bresmes[4], d’autres poissons de pris ;
5 De la terre a le seigneur le lac pris
Comme le sien et son propre heritaige,
D’entour deffent l’eaue et le pasturage
A tous bestaulx, et aux gens le peschier,
Pour ce qu’il n’est tresor qui par oultrage
10 N’eaue si grant ne se puist espuisier[5].
 
Ce riche lac qui tant yert bons et beaux
Fut du seigneur et du peuple chieris
Et deffendu de loustres et d’oiseaulx,
Et les poissons furent la bien nourris ;
15 Nulz n’y pescha, fors le seigneur, toudis
A plaine eaue, sanz rompre le rivage.

  1. Publié par Tarbé, tome II, page 132.
  2. Brochet.
  3. Carrelet, sorte de poissons.
  4. Brême, sorte de poisson.
  5. Qui ne se puisse épuiser.