Page:Deschamps - Œuvres complètes, tome 6.djvu/8

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quelques traits de sa physionomie qui ont rapport à l’œuvre considérable qu’il laisse inachevée. Il a raconté lui-même, avec autant de vérité que de charme, comment il fut amené à se charger de cette lourde tâche par une suggestion souriante du président d’honneur de notre Société ; elle aurait étonné bien des courages, mais elle ne rebuta pas le sien : il l’entreprit allègrement, il la poursuivit avec entrain, et trouva toujours que la satisfaction qu’elle lui donnait payait largement le temps et le travail qu’elle exigeait.

M. de Queux de Saint-Hilaire avait une curiosité, non pas universelle ni banale, mais éminemment intelligente et choisie. Les trois principaux objets sur lesquels elle s’exerça, pour des raisons diverses, furent l’histoire de la musique, la Grèce moderne et la littérature française de la fin du moyen âge. Ce qui l’attirait surtout vers ce dernier objet, c’était une affinité naturelle avec ce qu’eurent de noble, d’élégant et d’aimable la haute société d’alors et la poésie où elle s’amusa. Dans ce monde chevaleresque et poli que fait entrevoir à l’imagination le Livre des Cent Ballades, il se trouvait naturellement chez lui : aussi quel ne fut pas son plaisir quand il rencontra dans Deschamps (t. IV, p. 312) un Jehan de Queux, mentionné précisément en compagnie de plusieurs de ceux qui prirent part à ce galant tournoi poétique ! En publiant le recueil des Cent Ballades, il y a vingt-deux ans, il déclarait l’adresser non aux savants, mais à