Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
DE L’ÎLE DE PHILÆ

L’une de ces niches est représentée en grand dans la planche 10 ; elle est de granit rouge ; sa hauteur est de deux mètres un quart[1] ; elle est enfumée, comme toute la salle où elle se trouve : le sol a été fouillé, et il est jonché de débris. L’obscurité est complète dans cette salle, dont la chaleur est étouffante et l’odeur infecte[2].

Il était naturel de présumer que ces niches étaient destinées à renfermer des objets précieux du culte, et que très-probablement elles avaient servi de cage à l’oiseau sacré : cette conjecture est presque changée en certitude par le dessin d’une pareille cage occupée par un épervier, que nous avons vu sur des bandelettes de momies[3]. Les monolithes servaient donc à renfermer l’oiseau honoré dans le temple : ce qui est conforme au récit de Strabon, qui rapporte qu’une espèce d’épervier qu’il appelle épervier d’Éthiopie, était particulièrement révéré dans l’île de Philæ.

Ces niches monolithes que l’on a trouvées en divers lieux, devant faire le sujet de recherches particulières, nous nous bornerons à faire observer que la décoration de celle-ci est dans le même système que toutes les autres parties du temple : on y retrouve les mêmes moulures ; les talus y sont indiqués ; enfin, l’architecture de ce petit édifice, d’une seule pierre, est dans une harmonie parfaite avec celle du temple. Sur le soubassement, deux figures sont représentées dans l’action d’enlacer et de nouer des tiges de lotus, emblème fré-

  1. Sept pieds.
  2. Celui de nous qui a mesuré et dessiné ce monolithe, en a trouvé la cage occupée par une troupe de chauve-souris.
  3. Ces bandelettes sont gravées dans le Voyage de M. Denon, pl. 125.