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DE L’ÎLE DE PHILÆ

nous oserions employer dans des cas analogues. Ainsi, la colonne du portique, qui est dégradée, et dont on peut connaître la construction intérieure, n’est pas composée de tambours formant une assise d’un ou de deux morceaux, comme nous le pratiquons, et comme les Égyptiens eux-mêmes l’ont pratiqué dans la plupart de leurs édifices ; les assises sont formées de plusieurs pierres, dont quelques-unes sont fort petites, et entre lesquelles il y a de très-grands vides remplis de mortier. Au reste, quoique ce ne soit pas le seul endroit où cette construction vicieuse ait été observée, elle peut s’expliquer ici par la nature même des matériaux, qui, ayant déjà été employés dans d’autres édifices, n’étaient plus que des débris dont il fallait cependant faire usage.

Parmi les sculptures que l’on a recueillies sur les faces extérieures du grand temple, trois représentent des scènes que l’on regarde comme des sacrifices humains. Dans la plus remarquable des trois est un prêtre qui, d’une même pique, a percé quatre hommes, dont les bras et les jambes sont noués sur le dos : dans cet état, il les offre à une divinité assise.

C’est surtout ici qu’il est permis de dire que de pareilles scènes ne représentent pas un véritable sacrifice, et qu’elles ne doivent être regardées que comme un symbole, soit pour rappeler d’anciens sacrifices humains qui s’étaient pratiqués autrefois, soit pour indiquer la vengeance des lois et le châtiment des coupables. Quoique notre intention ne soit pas de prouver par-là qu’il n’y a jamais eu en Égypte de sacrifices humains, nous croyons qu’on ne peut rien tirer en faveur