rodote, dit-il, était jamais venu à Éléphantine, comme il le prétend, il n’eût rien vu que le fleuve entre ces deux villes, toutes deux situées sur ses bords ; il n’y a aucune montagne entre Éléphantine et Syène, mais plutôt ces villes sont situées entre les deux montagnes. » Comment se fait-il que le rhéteur, après cette sortie, rapporte qu’il y a en effet, dans ce même lieu, deux sources enfermées dans deux grands rochers qui sortent du milieu du lit, mais que ces sources sont récentes et ne fournissent qu’à la partie inférieure du cours du Nil ? On lui assura que leur profondeur ne pouvait se mesurer ; ce qui le détourna, dit-il, d’en prendre la mesure. Que penser de sa critique, en le voyant attribuer à ces prétendues sources la largeur et la profondeur plus grandes que prend le Nil au-dessous d’Éléphantine ? Plus loin, il dit que le fleuve, auprès de cette île, fait un bruit immense, et n’a pas moins de trente coudées de profondeur.
Lucain fait allusion à ces mêmes sources du Nil, en décrivant la cataracte de Philæ, et il fait mention comme Sénèque[1], d’un rocher ou d’une île inaccessible, appelée Abaton par l’antiquité. Ce morceau n’est pas exempt d’exagération ; mais le poëte est plus excusable que les prosateurs qui sont tombés dans le même défaut[2].
Un vers de Denys le Périégète, dans le poëme grec