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ET DES ENVIRONS.

vallée, et à quatre myriamètres et demi[1] au nord de Syène : ce lieu porte aujourd’hui le nom de Koum Omboû, qui veut dire la colline d’Omboû. À ce point, le Nil fait un coude, et forme une espèce de port, dominé par une butte très-élevée.

Les sables charriés par les vents du désert, en recouvrant les débris de la ville et une grande partie des anciens monumens, ont aussi enseveli une vase plaine qui s’étendait à près de deux lieues vers la chaîne arabique. Le village qui a succédé à Ombos n’a déjà plus d’habitans ; tout est aride et désert dans ce canton reculé de l’Égypte ; aucun arbre, aucun ombrage, ne s’offrent au voyageur : à peine y voit-on quelques traces humaines. C’est ainsi qu’une ville célèbre est devenue un lieu tout-à-fait inhabité, et qu’une riche campagne est enlevée sans retour à la culture.

Les bords eux-mêmes du fleuve, ainsi que la colline et tous les environs, sont couverts de sables fins et brûlans. Au milieu du jour, le sol y acquiert une température extraordinairement haute, bien supérieure à celle de Syène, où l’on sait que la chaleur est excessive et l’une des plus grandes qui soient connues sur le globe. Le thermomètre a marqué 54°[2] dans ces sables ardens. Si à midi, l’on demeure une minute dans la même place, ou que l’on marche avec lenteur, on éprouve à la plante des pieds une cuisson vive et insupportable, et l’on ne peut soulager la douleur qu’en marchant très-vite. Le Nil, qui est voisin, paraîtrait d’abord un excellent refuge ; mais

  1. Neuf lieues
  2. Graduation de Réaumur : c’était le 12 septembre 1799.