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CH. IV, DESCRIPION D’OMBOS

il n’y a point de sentier sur la rive : le sable entre dans l’eau par une pente très-roide ; et l’on y souffre encore plus qu’ailleurs, ainsi que l’a éprouvé l’un de nous qui s'était engagé sur les bords du fleuve[1]. Si l’on veut gravir facilement la colline pour visiter les monumens qui restent de la ville d’Ombos, il faut suivre un sentier qui vient du midi et qui se dirige vers l’un des angles de l’enceinte.

Devant ce lieu est une grande île appelée Mansouryeh, qui paraît avoir tenu jadis au territoire d’Ombos. Cette ville était alors plus éloignée de la rive, et le Nil s’y rendait par un canal[2] ; la force du courant et la tendance des eaux vers l’est ont changé peu à peu ce canal en un bras du Nil, et ce bras est devenu lui-même le lit du fleuve. L’action des eaux s’est exercée avec tant de violence, qu’elle a entraîné en partie l’enceinte des monumens et une portion du petit temple lui-même. Il en est arrivé autant d’une grande porte qui fait face à ce dernier édifice. Aujourd’hui le terrain est coupé à pic, les eaux le rongent de plus en plus, et la rive est jonchée de pierres énormes, provenant des fondations démolies.

L’envahissement des sables et l’irruption du Nil ne sont pas les seules causes qui aient contribué à dégrader les monumens de la ville : on dirait que tous les élémens ont conspiré pour les détruire. Le feu paraît avoir con-

  1. Les militaires de notre escorte firent cuire des oeufs sur le sol. Un jeune nègre, étant entré pieds nus dans le sable, poussa des cris si effrayans, que son maître fut obligé de courir à son secours, et de le transporte dans ses bras jusqu’au-dehors des sables
  2. Ælian. de nat. anim. lib x, cap. 21.