Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres sculptures symboliques. Une fois les figures tracées, l’ouvrier le moins habile pouvait enlever rapidement la matière qui les environnait, les dégrossir et leur donner le faible relief prescrit par l’usage, sans courir aucun risque de les endommager. Pour m’en convaincre, j’ai eu recours à l’expérience ; j’ai essayé d’imiter sur ces grès divers hiéroglyphes en grattant seulement la pierre à l’aide d’un fer tranchant, et j’ai toujours été surpris de la facilité, de la promptitude avec laquelle cette matière cède à l’effort de l’outil, se laisse entamer en tout sens et reçoit les formes qu’on veut lui donner.

Je ne craindrai pas d’assurer que le temps et la dépense employés par les Égyptiens pour revêtir de sculpture tous les édifices de l’Égypte, auraient suffi à peine pour en couvrir la cinquième partie, s’ils eussentété construits en marbre comme ceux de la Grèce.

Ces considérations sans doute, autant que les facilités de l’exploitationet de la coupe des pierres, auront décidé les Égyptiens à préférer cette matière à toute autre, à l’employernon-seulementdanstoute l’étendueoù règnent les montagnes de grès, mais encore pour des monumens distans de plus de cinquante lieues[1].

Ce que je viens d’exposer trouverait à plusieurs égards sa confirmation dans l’examen des sculptures comparées avec les duretés diverses des espèces de grès employées dans les monumens[2].

  1. On rencontre des monumens construits en grès jusqu’à Abydus, sous le parallèle de Girgeh.
  2. À Denderah, l’un des temples où la sculpture est la plus parfaite, la dureté de la pierre est peu considérable ; à Ombos, au contraire, où le grès est dur, cassant, d'un tissu serré, et où le travail des ouvriers devenait par-là plus pénible, les